L’hypothermie sévère, définie par une température corporelle inférieure à 30°C, est une urgence médicale qui nécessite une approche spécifique, surtout si elle entraîne un arrêt cardiorespiratoire.
Cet article détaille les points essentiels à connaître pour une prise en charge adaptée et efficace.
Qu’est-ce que l’hypothermie sévère ?
L’hypothermie survient lorsque le corps perd plus de chaleur qu’il n’en produit. Elle est classée en trois niveaux :
• Légère (32-35°C) : Frissons, troubles de la coordination.
• Modérée (28-32°C) : Léthargie, ralentissement respiratoire et cardiaque.
• Sévère (<28°C) : Inconscience, arrêt cardiaque ou respiratoire.
L’hypothermie sévère est souvent causée par une exposition prolongée au froid, mais peut aussi résulter d’accidents aquatiques, d’avalanches ou d’un état de santé préexistant aggravé par le froid.
Les effets de l’hypothermie sur le corps
En dessous de 30°C, l’activité métabolique ralentit considérablement, affectant les fonctions cérébrales, cardiaques et respiratoires. Cela complique la réanimation classique, car :
• Le cœur devient moins réactif aux chocs électriques.
• Les médicaments utilisés en réanimation (comme l’adrénaline) perdent de leur efficacité.
• La circulation sanguine est compromise, rendant difficile l’oxygénation des organes vitaux.
Que faire face à un arrêt cardiaque lié à une hypothermie sévère ?
Défibrillation : une seule chance avant le réchauffement
Si le patient présente un rythme choquable (fibrillation ventriculaire ou tachycardie ventriculaire sans pouls), administrez un seul choc. En cas d’échec, les tentatives supplémentaires doivent être différées jusqu’à ce que la température corporelle dépasse 30°C.
Pourquoi ? Le cœur hypothermique est moins sensible aux impulsions électriques, rendant les chocs inefficaces.
La priorité : réchauffer le patient
Le réchauffement est crucial pour restaurer l’activité métabolique et augmenter l’efficacité des manœuvres de réanimation.
Voici les méthodes principales :
1. Réchauffement externe passif : Couvrez le patient avec des couvertures thermiques ou isolantes pour limiter les pertes de chaleur.
2. Réchauffement externe actif : Utilisez des dispositifs comme des couvertures chauffantes ou des sacs chauffants.
3. Réchauffement interne actif : Perfusez des fluides chauds par voie intraveineuse et, si possible, administrez de l’oxygène chauffé et humidifié.
Les compressions thoraciques : ne jamais arrêter
Même si les signes vitaux semblent absents, continuez les compressions thoraciques. En hypothermie, les organes tolèrent mieux une période prolongée de faible oxygénation. De nombreux cas de survie ont été rapportés après des réanimations longues (>1 heure).
Transport médicalisé : un impératif
Un patient en hypothermie sévère doit être pris en charge dans un centre médical équipé pour la réchauffe active avancée (ECMO ou circulation extracorporelle).
Quand administrer des médicaments ?
En dessous de 30°C, l’efficacité des médicaments comme l’adrénaline ou l’amiodarone est réduite. Il est recommandé de limiter leur administration avant que la température corporelle atteigne ce seuil.
Pourquoi la patience est essentielle ?
Le concept de « not dead until warm and dead » (pas mort tant qu’il n’est pas réchauffé) est un principe fondamental en hypothermie. Un cœur hypothermique peut redémarrer après des heures d’arrêt, une fois réchauffé.
En résumé : la prise en charge en 6 étapes
1. Évaluer la situation et diagnostiquer l’arrêt cardiaque.
2. Administrer un choc unique si le rythme est choquable.
3. Initier les compressions thoraciques sans interruption.
4. Réchauffer progressivement le patient par des méthodes passives et actives.
5. Limiter les médicaments jusqu’à une température >30°C.
6. Transporter rapidement vers un centre équipé.
Ressources pour approfondir
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FAQ : Hypothermie sévère et arrêt cardiaque
1. Peut-on administrer plusieurs chocs de défibrillateur en hypothermie sévère ?
Non. Si la température corporelle est inférieure à 30°C, un seul choc doit être administré initialement en cas de rythme choquable. Les chocs supplémentaires seront inefficaces tant que la température corporelle n’a pas été remontée au-delà de 30°C.
2. Combien de temps peut-on réaliser des compressions thoraciques en hypothermie ?
Il n’y a pas de limite stricte. En hypothermie, le métabolisme est ralenti, et les organes tolèrent mieux une période prolongée de faible oxygénation. Les compressions doivent être poursuivies jusqu’à ce que la réanimation soit jugée futile par l’équipe médicale ou jusqu’au réchauffement complet.
3. À quelle température doit-on atteindre pour administrer des médicaments comme l’adrénaline ?
Les médicaments doivent être utilisés avec prudence sous 30°C, car leur métabolisme est ralenti. Une administration inefficace pourrait entraîner une accumulation toxique lorsque la température corporelle augmente. L’administration devient plus efficace au-dessus de 30°C.
4. Quelles techniques privilégier pour réchauffer un patient en hypothermie sévère ?
• Réchauffement externe passif : Couvertures thermiques pour réduire les pertes de chaleur.
• Réchauffement externe actif : Utilisation de dispositifs chauffants.
• Réchauffement interne actif : Perfusion de fluides chauds et administration d’oxygène chauffé.
• En milieu hospitalier, des techniques avancées comme l’ECMO (circulation extracorporelle) peuvent être nécessaires.
5. Le patient peut-il être déclaré décédé en hypothermie ?
Le principe « not dead until warm and dead » s’applique. Un patient en hypothermie ne doit pas être déclaré décédé tant qu’il n’a pas été réchauffé à une température normale (36-37°C) et que les efforts de réanimation se sont avérés infructueux.
6. Pourquoi les chocs électriques sont inefficaces en hypothermie sévère ?
Le cœur hypothermique est moins réactif aux impulsions électriques, car le métabolisme cellulaire est considérablement ralenti. Cela rend la défibrillation inefficace tant que la température corporelle n’est pas augmentée.
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